Afrique centrale : une conférence régionale sur les changements non-constitutionnels courant 2024

Les Ministres des Affaires étrangères et chefs de délégation (UNSAC) ont aussi adopté la « Déclaration de Kigali » sur cette question. Photos ONU Rwanda

24 nov 2023

Afrique centrale : une conférence régionale sur les changements non-constitutionnels courant 2024

Les Etats membres du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) réunis à Kigali du 20 au 24 novembre 2023 lors de leur 56e session ont décidé de l’organisation, courant 2024, d’une conférence régionale sur les changements non-constitutionnels de gouvernement. Elle permettra de prolonger les réflexions et partages d’expérience qui ont suivi l’exposé de l’universitaire camerounais Wullson Mvomo Ela, sollicité comme consultant pour en parler lors des travaux des experts et du huis-clos ministériel. L’organisation de l’événement a été confiée au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), qui assure le Secrétariat de l’UNSAC. Pour en garantir le succès, il travaillera en synergie avec la nouvelle équipe dirigeante du Comité conduite par le Rwanda ainsi qu’avec toutes les institutions compétentes en matière de gouvernance politique et démocratique, entre autres. 

La conférence régionale sera élargie à la société civile, aux chercheurs et à toutes les autres expertises d’Afrique centrale et d’ailleurs susceptibles de contribuer à la recherche des voies et moyens pour faire face efficacement aux changements non-constitutionnels. La « Déclaration de Kigali sur la prévention et la lutte contre les changements non-constitutionnels en Afrique centrale » adoptée par les Ministres des Affaires étrangères et chefs de délégation exprime l’engagement des Etats à inscrire cette question parmi les priorités de la sous-région. Dans son allocution à l’ouverture de la session ministérielle le 24 novembre, le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique centrale et Chef de l'UNOCA, Abdou Abarry, avait salué leur initiative d’aborder, pour la première fois, ce sujet crucial. Préoccupé par la résurgence des coups d’Etat observés ces derniers temps en Afrique en général, il estime qu’il est « impératif de réévaluer les mécanismes de prévention qui ont montré leurs limites ». 

Enfants en temps de conflits 

La Conférence régionale sur les changements non-constitutionnels de gouvernement annoncée pour 2024 revêt donc une très grande importance. Il en est de même de celle relative à la situation des enfants dans les conflits et les mesures de prévention – également décidée par le Comité. Cette décision fait suite à un état des lieux présenté par la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Virginia Gamba, qui a mis en relief les défis et les perspectives dans ce domaine. Elle a saisi cette occasion non seulement pour évoquer son mandat mais aussi pour détailler les six violations graves contre les enfants : meurtre ou mutilation, enlèvement, recrutement ou utilisation des enfants dans des forces ou groupes armés, viol et autre acte grave de violence sexuelle, attaques contre des écoles et des hôpitaux, et le refus d'autoriser l'accès des organismes humanitaires aux enfants. 

Ce dernier aspect fait sans doute partie des points qui seront abordés lors de la Conférence régionale de haut niveau sur la situation humanitaire en Afrique centrale prévue début 2024 à Malabo (Guinée Équatoriale). Le Comité a favorablement accueilli ce projet sur lequel l'UNOCA travaille en collaboration étroite avec la CEEAC et les bureaux régionaux des agences onusiennes concernées (HCR, OCHA, OIM). La « Déclaration de Kigali sur la situation humanitaire en Afrique centrale » souligne la nécessité d’un tel forum dans un contexte marqué par « l’aggravation de la situation humanitaire dans la sous-région, résultant de conflits et des conséquences de l’urgence climatique et écologique ». Cette plateforme favorisera en effet des discussions qui contribueront au développement des stratégies conjointes pour répondre de manière efficiente aux crises humanitaires dans la sous-région. De même, elle offrira l'occasion d'échanger sur les bonnes pratiques et les leçons tirées des modèles existants, en vue de l'élaboration d'une politique humanitaire régionale. 

Un avenir où la paix, la stabilité et la démocratie régneront 

Au total, la 56e session ministérielle de l’UNSAC a été jugée très féconde par les participants. Dans son discours de clôture, le Ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Vincent Biruta, a tenu à leur exprimer sa reconnaissance « pour leur engagement, leur coopération fructueuse et leur esprit constructif » tout au long des travaux. « Ensemble, nous visons un avenir où la paix, la stabilité et la démocratie régneront en Afrique centrale », a-t-il conclu. Son pays assurera la présidence tournante du Comité jusqu’à la 57e réunion prévue en mai 2024 à Luanda, en Angola (première Vice-présidence). Le bureau comprend également la République centrafricaine (deuxième Vice-présidence) et le Tchad (Rapporteur). 

En dehors des représentants des Etats membres de l’UNSAC (Angola, Burundi, Cameroun, République Centrafricaine, Congo, République démocratique du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Rwanda, Sao Tomé et Principe, et Tchad), plusieurs organisations régionales et internationales ont participé à la 56e réunion de cet organe créé en 1992, y compris des entités de l’ONU et la CEEAC, représentée par le Commissaire aux Affaires politiques, paix et sécurité, Mangaral Bante. La Coalition pour la jeunesse, la paix et la sécurité en Afrique centrale (CJPAC) a obtenu le statut d’observateur lors de la session de Kigali. Une démarche permettant de « garantir l'inclusion des perspectives des jeunes dans les discussions de l'UNSAC ».