Bassin du lac Tchad : le Chef de l’UNOCA participe à un débat sur la stabilisation et la résilience des zones affectées par Boko Haram
A Maiduguri, dans la capitale de l’Etat de Borno au Nigeria, s’est tenue du 29 au 31 Janvier 2025 la cinquième édition du Forum des Gouverneurs du Bassin du Lac Tchad, organisée par la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et le Groupe de Soutien International (ISG). Cet évènement a été meublé par plusieurs sessions importantes, dont celle consacrée le 29 janvier aux défis de la stabilisation, du relèvement et de la résilience des zones affectées par Boko Haram. Modérée par Abdou Abarry, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale et Chef de l’UNOCA, ladite session a réuni des acteurs clés pour analyser les leçons tirées de la mise en œuvre de la Stratégie régionale de stabilisation, de relèvement et de résilience (SR-SRR) et identifier les ajustements nécessaires face aux nouveaux défis.

Dans son mot introductif de la session, Abdou Abarry a insisté sur la nécessité de développer une vision commune et des partenariats renforcés. Il a également encouragé les parties prenantes à « faire preuve d’imagination et d’ingéniosité pour apprendre à cibler les priorités et dresser une échelle de préférences » pour surmonter les obstacles à la stabilisation et garantir une paix durable dans le Bassin du Lac Tchad. Il a plaidé pour une prise en compte des jeunes, estimant du reste qu’ils devraient être « au cœur des actions et de la mise en œuvre de la stratégie révisée ». Mamman Nuhu, Secrétaire exécutif de la CBLT et Chef de mission de la Force multinationale mixte, a renchéri en soulignant les succès de la première phase de la stratégie. Outre la réconciliation communautaire et les initiatives de réintégration, il a notamment mis en relief l’importance de l’ancrage local à travers la société civile, l’intégration du nexus « humanitaire-paix-développement » et la question du genre.
Les communautés locales au cœur de la stratégie
Un consensus a émergé parmi les intervenants sur le rôle essentiel ainsi que la place primordiale des communautés locales et des leaders traditionnels dans la mise en œuvre de la stratégie de stabilisation. « Nous ne souhaitons pas faire partir les personnes déplacées ou les garder par force là où elles sont. On veut faire tout le maximum nécessaire pour qu’elles soient bien intégrées et qu’elles aient tout ce dont elles ont besoin pour vivre dignement dans les différentes communautés », a résumé le Gouverneur de l’État de Yobe (Nigeria), Mai Mala Buni. Pour sa part, Alhaji Muhammadu Abali Ibn Muhammadu Idrissa, Emir de Fika dans l’Etat de Yobe, représentant les chefs traditionnels, a réaffirmé la volonté de ces derniers de collaborer étroitement avec les responsables des régions affectées par les activités terroristes, soulignant leurs contributions à la promotion de la cohésion sociale, la prévention des conflits et la lutte contre l’extrémisme violent.
Appel à un engagement renforcé des partenaires internationaux
Les partenaires techniques et financiers, dont l'Union africaine (UA) et la Banque africaine de développement (BAD), ont présenté les initiatives concrètes entreprises pour soutenir la stabilisation de la région. Le représentant de l'UA, Philip Kortei Attuquayefio, a partagé des leçons que son organisation a tirées lors de la première phase d’implémentation de la stratégie de stabilisation. De son côté, Riahd Ben Messaoud, expert en mobilisation de ressources à la BAD, a confirmé l’engagement continu de cette institution financière à financer des programmes de développement local conformément à la stratégie de stabilisation revue, comme elle l’a toujours fait. Quant à Anka Feldhusen, Directrice de la Prévention des crises civiles et de la stabilisation au Ministère fédéral allemand des Affaires étrangères par ailleurs représentante du Groupe de Soutien International, a appelé à une mobilisation accrue des partenaires internationaux pour garantir le succès de cette nouvelle phase de la SR-SRR.
La session a mis en lumière la volonté commune des parties prenantes de transformer les acquis en actions concrètes. De même, elle a permis de noter que le 5ème Forum des Gouverneurs était une étape importante dans les efforts visant à rétablir la stabilité et à construire une paix durable dans le bassin du lac Tchad. A cet égard, les participants ont non seulement rappelé la nécessité d’une approche inclusive intégrant sécurité, développement et cohésion sociale mais aussi l’importance d’une action concertée et adaptée aux réalités du terrain, avec les communautés locales comme acteurs centraux du changement. C’est dans cet esprit que, conformément à leurs mandats respectifs, le Chef de l’UNOCA, Abdou Abarry, et son collègue du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Leonardo Simão, effectuent régulièrement des missions conjointes dans les sites concernés. En marge du 5e Forum des Gouverneurs du bassin du lac Tchad, ils s’étaient par exemple rendus à Bama (environ 68 kilomètres de Maiduguri) non seulement pour échanger avec les autorités locales, mais aussi pour évaluer les besoins humanitaires et les efforts de redressement dans cette zone fortement touchée par les violences de Boko Haram.
