Afrique centrale : l’ONU face aux défis émergents et persistants à la paix et à la sécurité
Une réunion virtuelle des représentants des entités onusiennes couvrant l’Afrique centrale a eu lieu le 15 février 2024. Initiée par l’UNOCA, et placée sous la modération de son Chef de Cabinet, El Hadji Diene, cette rencontre a mobilisé des Représentants et Envoyés spéciaux du Secrétaire général des Nations Unies, des Directeurs régionaux et des Coordinateurs résidents du système des Nations Unies ainsi que des collègues du Département des Affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA). Elle a permis de partager des informations et des analyses sur les défis émergents et persistants à la paix et à la sécurité dans la sous-région. Comme d’habitude, les hauts fonctionnaires de l’ONU ont aussi saisi cette occasion pour réfléchir sur les voies et moyens de renforcer la coordination et les approches communes face aux menaces qui interpellent les pays relevant de leur mandat. Il en est ainsi des discours de haine, de la désinformation, des questions de gouvernance politique et démocratique, du changement climatique, des activités des groupes armés et terroristes, entre autres.
Crises humanitaires et sécuritaires préoccupantes
Aux difficultés dont ont fait état les intervenants de l’Angola, du Burundi, du Cameroun, du Congo, de Guinée équatoriale, du Rwanda, de Sao Tomé-et-Principe, et du Tchad, s’ajoutent les défis transnationaux comme le crime organisé et l'exploitation illicite des ressources. « À travers la région, nous notons des conflits, des crises humanitaires et sécuritaires qui causent le déplacement de populations, perturbent les moyens de subsistance et entravent les efforts de développement […] », a fait observer le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale, Abdou Abarry, qui participait à cette session depuis Kigali (Rwanda). Il a particulièrement attiré l’attention sur la situation préoccupante au Tchad, qui offre sa solidarité à plus d’un million de réfugiés alors qu’il est par ailleurs « confronté au plus haut niveau d’insécurité alimentaire sévère jamais enregistré dans le pays ». Le Chef de l’UNOCA a expliqué que 2,9 millions de personnes pourraient être menacées pour la prochaine période de soudure de 2024. En outre, on estime que 1,7 million d’enfants âgés de 6 à 59 mois et 262 000 femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition aiguë.
M. Abarry a aussi insisté sur la crise à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), qui ravive les tensions entre différents États de la région, « faisant planer le spectre de conflits interétatiques ». Il a rendu compte des efforts des Nations Unies pour y mettre fin. Sa mission conjointe (12-15 février) au Burundi et au Rwanda avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour les Grands lacs, Huang Xia, s’inscrit dans ce cadre. A travers leurs bons offices, ils ont montré leur détermination à œuvrer en faveur d’un rapprochement entre les pays concernés. Ils ont réaffirmé leur appui à l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba (Ethiopie). Dans son intervention, M. Xia a rappelé la nécessité de revitaliser cette initiative mise en place pour résoudre les causes profondes de la violence et des guerres récurrentes à l’Est de la RDC. La MONUSCO a presenté un état des lieux sur terrain, où le M23 continue ses offensives malgré les appels incessants à la « désescalade ». Il convient de rappeler que lors d'une mission récente dans cette partie du pays, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a exprimé sa solidarité aux populations affectées et réitéré l’engagement de la MONUSCO à mettre en œuvre son mandat de protection des civils.
Une approche transformatrice de la résolution des conflits
« Les efforts des pays de la région pour s’impliquer et aider à la résolution de conflits politiques sont […] louables », a souligné le Chef de l’UNOCA. Il a plaidé pour « l'adoption d'une approche transformatrice » guidée par les principes énoncés dans le « Nouvel agenda pour la paix » du Secrétaire général. Celui-ci encourage, entre autres, le renforcement des partenariats car, comme l’a soutenu M. Abarry, « une action concertée entre les États membres de la CEEAC, des organismes régionaux et des partenaires internationaux est vitale ». Il a réitéré l’engagement de l’UNOCA à continuer à travailler en étroite collaboration avec ces acteurs « pour relever leurs défis et atteindre leurs objectifs communs ».
La réunion virtuelle du 15 février a été précédée par celle des Conseillers politiques et Paix et Développement, le 14 février. Ils ont discuté des dynamiques géopolitiques et des défis économiques mondiaux ainsi que de leur impact sur la situation socio-économique en Afrique centrale. Ces deux rencontres étaient initialement prévues à Kigali (Rwanda). Le format a été revu du fait de la conjoncture économique internationale et des problèmes financiers que traversent les Nations Unies. « J’espère que la situation s’améliorera et que nous pourrons tenir notre réunion en présentiel plus tard cette année, lorsque, comme nous l’espérons, la situation financière de l’organisation sera meilleure », a indiqué le Chef de l’UNOCA.
La 11e réunion annuelle des Représentants et Envoyés spéciaux du Secrétaire général des Nations Unies, des Directeurs régionaux et des Coordonnateurs résidents du système des Nations Unies opérant en Afrique centrale avait eu lieu du 16 au 17 mars 2023 à Libreville.