Afrique centrale : le Conseil de sécurité informé sur la situation de la sous-région

17 juin 2025

Afrique centrale : le Conseil de sécurité informé sur la situation de la sous-région

Abdou Abarry, le Représentant spécial et Chef de l’UNOCA, a présenté devant le Conseil de sécurité, le lundi 9 juin, le 28e rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation en Afrique centrale et les activités de l’UNOCA. Le rapport renseigne sur l’évolution dans les domaines sécuritaire, démocratique, climatique, humanitaire et socio-économique dans la sous-région. Un accent est mis sur les progrès politiques dans les pays en transition ou sortant de transition, notamment  le Gabon et le Tchad. Abdou Abarry a indiqué que malgré « ces développements positifs », il faudrait rester vigilant.  « C’est maintenant le moment pour les autorités nouvellement élues de mettre en œuvre les réformes issues des processus de transition. Dans le cas du Tchad, il s’agit notamment de mener à bien les processus de décentralisation et de DDR et, dans celui du Gabon, de mener à bien la réforme du système judiciaire prévue par la Constitution et de légiférer sur le rôle des partis politiques pour leur permettre de pleinement jouer leur rôle d’acteurs du processus démocratique », a-t-il noté dans ses remarques introductives. Il a souligné l’importance de l’ouverture de l’espace politique et de garantie de la liberté d’expression dans les pays couverts, tout en émettant le vœu que les élections prévues au Cameroun, en République centrafricaine, au Burundi et au Gabon avant la fin de l’année consacrent un renforcement de l’Etat de droit.

 

Alerte sur la situation humanitaire

Par ailleurs, le Chef de l’UNOCA a relayé les préoccupation du  Secrétaire général de l’ONU quant à  la persistance de la violence des groupes terroristes dans le bassin du Tchad, des violences intercommunautaires, des changements climatiques et des conflits armés qui continuent d’accentuer l’instabilité dans un contexte où des  dissensions profondes entre certains pays font également « craindre une guerre régionale ». .  A ce sujet, M. Abarry a évoqué « l’escalade des tensions entre la République démocratique du Congo [RDC] et le Rwanda d’une part, et le Burundi et le Rwanda d’autre part». Il a insisté sur le cas de la RDC en déplorant la situation à l’Est du pays. Une situation qui a engendré de graves problèmes humanitaires impactant les pays voisins. Au 30 avril par exemple, 71 000 personnes fuyant les violences en RDC étaient arrivées au Burundi depuis le début de 2025. Dans le même registre, M. Abarry a attiré l’attention sur  les répercussions du  conflit soudanais sur le Tchad où affluent  un nombre de plus en plus important de nouveaux réfugiés alors  « le plan de réponse humanitaire 2025 […] n’est financé qu’à hauteur de 9,3% pour cette année » (à la même période l’année dernière, il l’était à hauteur de 19,5%). Dans ce contexte, il a indiqué que le système des Nations Unies au Tchad s’attèle à mettre en place, à travers son « offre des Nations Unies », en compléments de l’aide humanitaire d’urgence, un programme intégré de stabilisation adapté aux besoins des différentes localités. « Cette offre vise également à renforcer la confiance entre les communautés et les autorités, de façon à jeter les bases de la consolidation de la paix et du développement durable », a expliqué le Chef de l’UNOCA, soulignant que « l’inaction de la communauté internationale risquerait de conduire à une aggravation de la situation humanitaire ».

 

Crise financière et perspectives pour l’UNOCA

Le fait que des agences comme OCHA aient été obligées de réduire de moitié leurs objectifs de levée de fonds pour la RDC traduit la profondeur de cette inquiétude. Celle-ci est renforcée par la crise financière qui touche de plein fouet l’ONU et qui impacte fortement les activités de l’UNOCA. Le Représentant spécial a tenu à en informer le Conseil de sécurité et à partager avec ses membres  les contraintes qu’impose cette conjoncture ainsi que les perspectives pour la mise en œuvre du mandat du Bureau. M. Abarry a  notamment évoqué le projet de mise en place d’un fonds fiduciaire en complément du budget régulier. « Ce fonds devrait nous donner plus de flexibilité au niveau des ressources, pour pouvoir répondre de façon efficace, aux besoins de bons offices qui ne manqueront pas de se manifester, dans un contexte où plusieurs pays de la région auront des rendez-vous électoraux entre 2025 et 2026 », a-t-il expliqué. Dans son 28e rapport sur l’Afrique centrale et les activités de l’UNOCA, le Secrétaire général en a rappelé les enjeux, soulignant que des «  élections inclusives, crédibles et pacifiques sont essentielles pour consolider les institutions démocratiques et conférer soutien et légitimité aux efforts visant à relever de manière globale les défis multidimensionnels auxquels la sous-région fait face ». C’est pourquoi il invite « toutes les parties prenantes à garantir l’indépendance des institutions électorales et à préserver l’intégrité des processus électoraux, dans le respect des libertés fondamentales ».