Afrique centrale : « situation politico-sécuritaire assez stable, bien que préoccupante », selon la CEEAC
Transitions politiques, tensions sécuritaires et craintes humanitaires étaient au centre des débats des experts réunis à N’Djamena dans le cadre de la 59e session du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC)
La capitale du Tchad accueille depuis lundi 26 mai les travaux de la 59e réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) sur le thème : « l’impact de la situation humanitaire en Afrique centrale ». Après la session préparatoire des points focaux au cours de laquelle l’ordre du jour détaillé a été validé, les experts se sont retrouvés le 27 mai pour les discussions sur les sujets convenus. Elles ont été précédées par une cérémonie d'ouverture marquée par les mots de circonstance du représentant du Gouvernement, Dr Djangbeye Guelngar Evariste, Secrétaire Général du Ministère des Affaires Étrangères du Tchad, et du Président du Comité, le Lieutenant-Colonel Benjamin Bangandekoy. Ce dernier a lu le rapport du bureau sortant et rendu compte de la mise en œuvre des recommandations de la 58e session ministérielle tenue à Bangui (République centrafricaine) du 25 au 29 novembre 2024.
Persistance de l’activisme des organisations terroristes
A l’issue de la phase protocolaire, les délégués ont écouté avec attention la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), qui a fait lecture de sa revue géopolitique et sécuritaire en Afrique centrale. Elle a fait observer que la « situation politico-sécuritaire régionale [est] assez stable, bien que préoccupante dans une certaine mesure ». De plus, elle a alerté sur les « foyers d’insécurité […] dans la région du fait de la persistance de l’activisme des organisations terroristes, des groupes armés et des mouvements terroristes ». Sur le plan politique et démocratique, la CEEAC se réjouit de « la réussite des processus de transition au Gabon et au Tchad », estimant qu’ils constituent « une matérialisation de la coopération entre les instances de la Communauté et les Etats membres ». Les délégations du Gabon et du Tchad ont fourni des informations complémentaires sur cette question et sur l’environnement socio-politique et sécuritaire dans leurs pays respectifs. Tous les autres Etats membres du Comité en ont fait de même.

Dans ce registre, les participants ont suivi avec préoccupation l’exposé de la République démocratique du Congo (RDC). Elle a mis en relief la dégradation de la situation dans l’Est depuis la dernière session de l’UNSAC, soulignant l’ampleur de plus en plus profonde de la crise ambiante - aggravée par l’agression de groupes armés coalisés et l’occupation de vastes zones du territoire national. Les déplacements massifs des populations et les violations flagrantes des droits de l’homme, y compris une augmentation des cas de viols et de tortures, constituent l’un des fardeaux les plus lourds pour le pays et ses voisins, qui subissent l’effet de l’évolution alarmante de la situation humanitaire. ONU femmes a rappelé, à ce sujet, que les premières victimes des conflits armés et des activités des groupes terroristes sont les femmes. Avis partagé par la plupart de participants qui ont pris la parole lors du débat sur la question centrale de cette 59e session du Comité, à savoir « l’impact de la situation humanitaire en Afrique centrale ».
Près de 13 millions de personnes sujettes à des déplacements forcés…
Au-delà de cette considération, il est important de noter les grandes lignes développées par le HCR ainsi que les chiffres troublants mis à disposition : l’Afrique centrale compte près de 13 millions de personnes sujettes à des déplacements forcés, dont 9 650 888 personnes déplacées internes, 2 724 210 réfugiés et demandeurs d’asile, ainsi que 338 393 personnes dans une situation indéterminée. Parmi les pays les plus touchés, il y a le Tchad. Le nombre de réfugiés y a considérablement augmenté au cours des deux dernières années avec l’afflux des déplacés soudanais. Plus d’un million de personnes sont ainsi entrées dans le territoire. « Notre situation humanitaire est tributaire de la situation sécuritaire et politique soudanaise », a tenu à rappeler le représentant du Tchad.

La réunion des experts a pris fin jeudi 29 mai avec l’examen du rapport de la 59e réunion du Comité et de l’agenda de la session ministérielle qui aura lieu le 30 mai. Celle-ci se tiendra en présence des ministres en charge des Affaires étrangères et Chefs de délégations des onze pays membres ainsi que de hauts fonctionnaires du Système des Nations Unies, dont le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale et Chef de l’UNOCA, Abdou Abarry, arrivé à N’Djamena le 28 mai. Il y a retrouvé plusieurs autres collègues, y compris des experts du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC), du Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale (CNUDHD-AC), de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (UNOAU), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), etc. Ces entités onusiennes font partie des organismes ayant le statut d’observateurs au Comité, au même titre que la Commission du Golfe de Guinée (CGG), la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Coalition Jeunes, Paix et Sécurité en Afrique centrale (CJPAC), etc.
