Afrique centrale : le Conseil de sécurité entend les inquiétudes concernant les processus électoraux et la situation au Cameroun

Intervenant devant le Conseil de sécurité le 13 juin, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale, M. François Louncény Fall, a indiqué que la situation dans cette région reste difficile du fait d’un certain nombre de menaces pesant sur la stabilité politique, sécuritaire et socioéconomique. Photo UNOCA/Capture d'écran

13 juin 2018

Afrique centrale : le Conseil de sécurité entend les inquiétudes concernant les processus électoraux et la situation au Cameroun

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale a indiqué, le 13 juin 2018, que la situation dans cette région reste difficile du fait d’un certain nombre de menaces pesant sur la stabilité politique, sécuritaire et socioéconomique, notamment en République centrafricaine et en République démocratique du Congo.  L’escalade de la violence et des tensions dans les régions nord-ouest et sud-ouest du Cameroun représentent aussi « une source de préoccupation majeure », a-t-il averti, nourrissant ainsi le désir de la délégation des États-Unis d’en débattre davantage au sein du Conseil de sécurité.

Venu présenter devant le Conseil de sécurité le 14e rapport du Secrétaire général sur la situation dans la région, M. François Louncény Fall, qui est aussi Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), a souligné que les 11 pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) sont soit au milieu, soit au début d’un cycle électoral, ce qui explique en partie les tensions qu’ils connaissent.

Parmi les 10 membres du Conseil qui se sont exprimés sur ce sujet, plusieurs ont appelé de leurs vœux le bon déroulement de ces processus électoraux.  La Pologne, par exemple, a appelé les gouvernements concernés à œuvrer en faveur de la tenue d’élections « pacifiques et crédibles ».  Son homologue du Pérou a ajouté qu’il fallait promouvoir la participation des femmes et des jeunes.

Mesures d'urgence, « diplomatie de velours » 

Pour le cas du Cameroun, pays qui n’est pas à l’ordre du jour du Conseil de sécurité mais qui a été mentionné dans plusieurs interventions, M. Louncény Fall a recommandé un apaisement des tensions pour permettre la bonne conduite des scrutins présidentiel, législatifs et municipaux prévus pour cette année.  Il s’est notamment inquiété de la condamnation de sept activistes anglophones à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison, pour des motifs notamment de terrorisme.

Le Représentant spécial a insisté sur l’importance d’un dialogue inclusif pour trouver une solution à la crise camerounaise, répondre aux doléances des populations anglophones et garantir l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la stabilité régionale. Il s’est aussi inquiété du nombre important de réfugiés camerounais -plus de 200 000- qui ont été enregistrés de l’autre côté de la frontière avec le Nigéria.

La situation au Cameroun a valu au représentant du Royaume-Uni de réclamer des mesures d’urgence pour apaiser les tensions tandis que les États-Unis ont axé leur intervention exclusivement sur cette situation. Appelant à la plus haute vigilance, cette délégation a estimé que le Conseil de sécurité devait se pencher davantage sur ce pays.  Son avis est que le risque élevé de violence électorale menace de miner les efforts déployés pour stabiliser la situation dans le bassin du lac Tchad.

Le représentant de l’Éthiopie a toutefois mis en garde contre les conséquences d’une « dramatisation » de la situation au Cameroun.  Il a longuement insisté sur les mérites de la « diplomatie de velours », ou silencieuse, et a engagé le Secrétaire général à utiliser ses bons offices à cette fin. 

Le sujet des élections a aussi été l’occasion de signaler qu’au Burundi, le Président Pierre Nkurunziza a annoncé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle de 2020.  La Guinée équatoriale a espéré voir organiser un dialogue ouvert pour permettre la sortie de crise dans ce pays.  La Côte d’Ivoire a recommandé la reprise du dialogue politique inclusif interburundais sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est, dans le cadre de l’Accord d’Arusha.

Boko haram et LRA toujours au coeur des préoccupations

Pour l’ensemble de la sous-région, la poursuite des activités de Boko Haram et de l’Armée de résistance du Seigneur a suscité des préoccupations parmi les membres du Conseil, dont le Royaume-Uni qui a estimé qu’une action militaire en même temps qu’une action non militaire s’imposent.  À l’instar de la Côte d’Ivoire et de l’Éthiopie, de nombreuses délégations ont appelé au renforcement de l’appui à la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram.

De son côté, le Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), M. Ahmad Allam-Mi, a indiqué dans une intervention par visioconférence depuis Green Tree dans l’État de New York, qu’un cadre de coopération entre la CEEAC et la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO) devrait être signé par les deux chefs exécutifs avant la tenue du Sommet conjoint CEEAC-CEDEAO sur l’extrémisme violent qui est prévu le 30 juillet 2018. 

La situation en République centrafricaine et la menace qu’elle représente pour la sécurité de la sous-région ont été évoquées au cours de la séance.  Le Représentant spécial a exhorté les pays de la région à participer plus activement à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation dans ce pays.  Il a également « fortement » encouragé les autorités centrafricaines et les pays voisins à accélérer le processus de mise en œuvre des commissions mixtes pour traiter de questions telles que le contrôle des frontières et la transhumance.

La Côte d’Ivoire a d’ailleurs préconisé l’adoption d’une règlementation communautaire sur le pastoralisme, encourageant aussi à la mise en place de la stratégie de lutte contre le mercenariat et la criminalité transnationale organisée en Afrique centrale.      

En la matière, le représentant équato-guinéen a recommandé la tenue d’une conférence internationale sur le mercenariat, rappelant notamment que le 28 décembre, des mercenaires étrangers avaient infiltré la Guinée équatoriale dans le but d’y changer l’ordre constitutionnel.   

SOURCE : ONU/COUVERTURE DES REUNIONS & COMMUNIQUES DE PRESSE, 13 JUIN 2018