UNSAC – CHANGEMENT CLIMATIQUE : le PNUE soutient que l’environnement est le moteur de la sécurité humaine

Le PNUE a encouragé les Etats de l’Afrique centrale à inclure davantage « l’environnement et les changements climatiques dans la diplomatie africaine ». Photos UNOCA/Norbert N. Ouendji

28 nov 2019

UNSAC – CHANGEMENT CLIMATIQUE : le PNUE soutient que l’environnement est le moteur de la sécurité humaine

Les changements climatiques et leurs impacts sur la paix et la sécurité ont fait l’objet, le 27 novembre à Luanda, du principal débat des experts réunis dans le cadre de la 49e session du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC). Dans la présentation qui a servi de base de discussions sur le sujet, M. Samba Harouna Thiam, chef du Bureau de liaison du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) auprès de la Commission de l’Union africaine (UA), de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA) et Représentant en Ethiopie, a d’abord tenu à indiquer que l’environnement est le moteur de la sécurité humaine. Pour mieux l’expliciter, il a révélé que 40% des guerres civiles enregistrées au cours des 60 dernières années sont liées aux ressources naturelles. Il a ajouté que le commerce de la faune et de la flore sauvage africaine est estimé entre 70 et 120 milliards de dollars américains par an, et que plus de 1000 gardiens de parc ont été assassinés au cours des 10 dernières années.

Par ailleurs, M. Samba Harouna Thiam a souligné que, dans le contexte actuel, les changements dans le cycle hydrologique devraient se manifester à la fois par des inondations et des sécheresses plus fréquentes. Il a ajouté que la « catastrophe écologique » du lac Tchad est passée d'environ 25 000 km2 en 1963 à moins de 2500 km2, menaçant les ressources et les moyens de subsistance de 50 millions de personnes. Le représentant du PNUE a précisé que les défis environnementaux de l’Afrique coûtent cumulativement au continent 195 milliards de dollars par an. Il a fait observer que ce montant dépasse le coût total annuel que l'Afrique doit investir dans les infrastructures, la santé, l'éducation et la lutte contre le changement climatique dans le cadre d'un scénario de réchauffement à 2 ° C.

Du point de vue de la paix et de la sécurité, Samba Harouna Thiam a fait mention d’une « raréfaction des ressources naturelles ayant comme corollaire une compétition entre les usagers », notamment des « conflits locaux qui peuvent conduire à une instabilité sous-régionale voire régionale ». Il a aussi mis en relief les risques liés aux migrations et déplacement intra et inter états ainsi qu’à la répartition inégale des avantages et des coûts relatifs à l'utilisation des ressources naturelles.

Intégrer les dimensions des ressources naturelles dans les processus de consolidation de la paix

Le PNUE a plaidé pour un renforcement des moyens dont dispose le continent pour faire face à cette situation critique. Il a en effet noté qu’en Afrique, malgré l’urgence et l’ampleur du phénomène, la moyenne des budgets alloués aux ministères en charge de l’environnement atteint à peine 4% des budgets nationaux alors que la contribution des ressources naturelles dans le PIB de certains dépasse parfois plus de 50%.

Pour terminer, le PNUE a suggéré la prise en compte des recommandations du panel des sages de l’UA sur les liens entre la gestion durable des ressources naturelles et les conflits exacerbés par les changements climatiques. Il s’agit, entre autres, d’intégrer systématiquement les dimensions des ressources naturelles dans les processus de consolidation de la paix et de développement ; d’établir un répertoire d’experts africains expérimentés dans le domaine de la prévention, la médiation et la résolution des conflits liés aux ressources naturelles ; de renforcer les mécanismes d’alerte précoce et de réaction rapide.

De manière générale, il convient, selon le PNUE, d’envisager la gestion des ressources naturelles comme facteurs de consolidation de la paix. A cet égard, Samba Harouna Thiam a souligné que dans la réinsertion des anciens insurgés, on pourrait, par exemple, « mettre en place de programmes gestion durable des ressources naturelles comme l’agroforesterie qui permettent de générer des revenus, encourager (mettre à disposition) les énergies renouvelables pour promouvoir l’entreprenariat de jeunes et des femmes ».

Les Etats membres de l’UNSAC ont exprimé le vœu que la question des changements climatiques, qui nécessite une diplomatie active, soit inscrite à l’ordre du jour des prochaines sessions.