Afrique centrale : les acteurs des médias numériques s’engagent à contribuer à la lutte contre les discours de haine

3 mai 2022

Afrique centrale : les acteurs des médias numériques s’engagent à contribuer à la lutte contre les discours de haine

Le Forum régional de sensibilisation, de partage d’expériences et de renforcement des capacités des acteurs des médias numériques sur la prévention des conflits liés aux discours de haine et la lutte contre ce phénomène en Afrique centrale s’est achevé vendredi 29 avril à Bangui (RCA) après quatre jours de travaux. La cérémonie de clôture a été présidée par M. Jesus Tarcille Bomongo Junior, Directeur général de Radio Centrafrique, représentant le Ministre centrafricain de la Communication et des Médias. Il a rappelé l’importance de ce Forum et salué ses conclusions ainsi que l’engagement pris par les participants pour contribuer efficacement à la lutte contre les discours de haine. 

L’essentiel de cet engagement est contenu dans la « Déclaration de Bangui » adoptée à l’issue du Forum. Les webjournalistes, blogueurs, "influenceurs" et autres parties prenantes venus du Burundi, du Cameroun, de la RCA, du Congo, de la RDC, du Gabon, de la Guinée équatoriale, du Rwanda, de Sao Tome et Principe, et du Tchad,  y affirment leur « détermination à œuvrer partout où cela est nécessaire, pour la sauvegarde de la paix sociale, la cohésion et l’unité nationales, en ne relayant que des informations dont l’origine, la véracité et l’exactitude sont établies ». Dans cette perspective, ils s’interdisent « la calomnie, la diffamation, l’injure, les accusations sans fondement, la discrimination raciale, les arguments basés sur la région, l’ethnie et la religion ainsi que des propos mensongers ou ceux incitant à la haine, à la violence et à l’hostilité ». 

Barrer la voie aux anti-valeurs professionnelles

De même, la quarantaine de professionnels mobilisés dans le cadre du Forum de Bangui conviennent de « faire bon usage des expériences et des connaissances reçues, y compris la nécessité impérieuse de combattre sans réserve les fake news et tous les usages irresponsables des réseaux sociaux, en procédant systématiquement à la critique rigoureuse des sources et à la vérification des faits avant leur diffusion et, de manière générale, en exerçant notre métier dans le respect strict de l’éthique et de la déontologie du journalisme ». 

Pour atteindre ces objectifs, ils ont décidé, entre autres, d’adhérer à la « Plateforme des organisations des professionnels des médias pour la paix et le développement durable en Afrique centrale » (PROMEDAC) créée lors du premier Forum organisé à Douala (Cameroun), du 26 au 29 octobre 2021. Il s’agit, expliquent-ils, de « mutualiser les efforts pour barrer la voie aux anti-valeurs professionnelles, et en particulier aux discours et aux messages incitatifs à la haine dans les médias, dans les réseaux sociaux et dans tous les autres supports de communication de masse ». 

Appel pour un Forum régional des Ministres de la Communication 

A cet égard, le Forum de Bangui répond non seulement aux attentes des organisateurs mais aussi à celles des Etats de la sous-région. Dans son discours d’ouverture officielle des travaux le 26 avril, le Ministre centrafricain de la Communication et des Médias, M. Serge Ghislain Djorie, avait en effet indiqué que ce Forum constitue une opportunité « en vue d’une réflexion approfondie et d’une solution concertée aux problèmes que posent la désinformation et l’incitation à la haine par le canal des médias ». Devant le corps diplomatique (pays membres de la CEEAC), il a plaidé pour une forte implication des politiques dans la dynamique en cours, en insistant sur l’urgence d’un Forum régional des Ministres en charge de l’Information et de la Communication de l’Afrique centrale pour « la mise en place d’un cadre juridique commun afin de lutter efficacement contre ce fléau [discours et incitation à la haine] ». Dans l’allocution lue au nom des organisateurs lors de cérémonie de clôture, le Responsable de l’Unité de la Communication stratégique et de l’Information publique de l’UNOCA, M. Norbert N. Ouendji, a mis en relief ce projet, qui a été bien accueilli par tous les participants. Il figure en bonne place dans la « Déclaration de Bangui » ainsi que dans la motion de soutien et de remerciements de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (HAMA) du Tchad, invitée spéciale au Forum - représentée par son Rapporteur général, M. Laoro Gondje. 

Le moins que l’on puisse dire est que la série de forum initiée en octobre 2021 à Douala montre à quel point la question des discours de haine constitue une très grande préoccupation pour les Etats et les citoyens de la sous-région ainsi que pour leurs partenaires. D’où la nécessité d’agir, sur le plan individuel comme au sein des organisations et communautés, afin de contribuer à les prévenir, à réagir face à leur survenance et à les réprimer. Face à ce phénomène considéré par la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général pour la RCA, Mme Denise Brown, comme « l’ennemi de la population », les Nations Unies restent déterminées à soutenir tous les efforts visant à construire et à promouvoir une société où règnent l’amour et la paix.

Dans cet esprit, l’UNOCA et ses partenaires ont confirmé qu’près Douala (médias classiques) et Bangui (médias numériques), N’Djamena (Tchad) accueillera, du 7 au 9 juin 2022, un troisième forum dédié aux responsables des organes de régulation de la communication d’Afrique centrale. Il s’agit d’une étape capitale avant celle de Kinshasa (RDC) où, du 14 au 17 juin 2022, un Forum mobilisant toutes les parties prenantes devrait déboucher sur l’adoption d’une stratégie régionale sur la prévention des conflits liés aux discours de haine et la lutte contre ce phénomène en Afrique centrale. 

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

BON A SAVOIR…

Le Forum de Bangui a été conjointement organisé par l’UNOCA et la CEEAC. Il a été mis en œuvre en collaboration avec le gouvernement centrafricain et avec l’appui de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RCA (MINUSCA), de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), du Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale, du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC, du Bureau de l’UNESCO pour l’Afrique centrale et du Bureau de la Conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger (OSAPG). 

Les contributions du Haut conseil de la communication (HCC) de la RCA et de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (HAMA) du Tchad ont renforcé le succès de ce Forum, dont l’une des principales recommandations porte sur la nécessité d’une « mobilisation des ressources pour soutenir le travail des principaux acteurs des médias numériques et des instances de régulation et d’auto-régulation ». Les participants ont exprimé leur entière satisfaction pour la démarche pédagogique privilégiant l’interactivité, la richesse des expériences pratiques, la qualité des enseignements et des discussions ainsi que la pertinence et la profondeur des interventions des experts, en particulier celles du formateur principal, le Professeur Charly Gabriel Mbock, anthropologue camerounais.  Tous ont reçu une attestation de participation.