L’ONU plaide pour un renforcement des moyens de la CEEAC

Le Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’Union africaine (UA) par ailleurs Chef de l'UNOAU, Parfait Onanga-Anyanga (deuxième rangée, 1er à partir de la gauche), a souligné l'importance de la solidarité au sein de la sous-région mais aussi avec les autres régions du continent, "à l’exemple de la Quadripartite sur la crise à l’Est de la République démocratique du Congo" qui a récemment eu lieu à Luanda. Photo Présidence de la République du Gabon

1 juil 2023

L’ONU plaide pour un renforcement des moyens de la CEEAC

Au 23e Sommet ordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) le 1er juillet à Libreville, les Nations Unies ont encouragé les pays membres à doter cette organisation sous-régionale « des ressources et outils nécessaires pour parachever la mise en œuvre de sa réforme institutionnelle et lui permettre de mieux [aider] l’Afrique centrale à relever les défis auxquels elle reste confrontée ». Parlant au nom de l’UNOCA suite à l’empêchement de son collègue Abdou Abarry, le Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’Union africaine (UA), Parfait Onanga-Anyanga, a notamment évoqué les défis politiques, sécuritaires, climatiques et humanitaires ainsi que ceux liés à la gouvernance électorale, entre autres. Il a précisé qu’une « CEEAC renforcée » serait un « vrai rempart », en particulier dans un contexte « rendu encore plus complexe ces dernières années par les effets induits de la mondialisation, tels que la pandémie de la COVID-19, la guerre en Ukraine ou, encore plus proche de nous, le conflit au Soudan ». 

Impact de la crise soudanaise, soutien à la RCA et au Tchad…

S’agissant du dernier cas, M. Onanga-Anyanga a mis l’accent sur l’impact de la crise politico-sécuritaire dans ce pays voisin de la République centrafricaine et du Tchad. Ceux-ci offrent « l’hospitalité à de dizaines de milliers de Soudanais fuyant les violences dans leur pays et qui viennent s’ajouter, en particulier en ce qui concerne le Tchad, à des centaines de milliers de réfugiés soudanais qui s’y trouvent déjà depuis près de vingt ans », a souligné le haut fonctionnaire onusien. Il a appelé à une solidarité vis-à-vis de ces deux Etats d’Afrique centrale afin qu’ils continuent à accueillir « leurs frères soudanais en détresse, tout en préservant leurs propres sécurité et stabilité ».  A cet égard, il a salué « l’engagement du Président Ali Bongo Bongo Ondimba qui est favorable à la tenue d’une conférence des pays de la CEEAC pour répondre à l’urgence humanitaire à laquelle la région fait face ».

En attendant, M. Onanga-Anyanga a rassuré les dirigeants de la sous-région quant au soutien des Nations Unies, y compris à travers leurs agences spécialisées compétentes. « Nous poursuivons aussi notre plaidoyer pour un appui international accru à la République centrafricaine et au Tchad qui soit à la hauteur des défis et des besoins », a-t-il conclu, soulignant le rôle crucial que continue de jouer l’Union africaine dans « la recherche d’une solution pacifique à ce conflit fratricide aux conséquences catastrophiques ». Il a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU déplore la poursuite dudit conflit et encourage la facilitation conjointe des États-Unis d’Amérique et du Royaume de l’Arabie Saoudite à « redoubler d’efforts en vue d’un cessez-le-feu durable ». Une démarche nécessaire pour « préserver les vies humaines, faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire au Soudan et dans les pays voisins affectés, et enfin créer les conditions de relance d’une transition politique inclusive ». 

Elections et dialogue politique inclusif

Dans cette perspective, le Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’UA (UNOAU) a estimé qu’une « plus grande implication de la CEEAC dans les efforts pour relever ses propres défis et ceux du continent ainsi qu’une meilleure coordination avec l’Union africaine et les autres organisations régionales concernées sera de rigueur ». Les questions électorales n’y échappent pas. « Au regard du calendrier électoral dans plusieurs Etats membres de la CEEAC, l’accompagnement de votre institution régionale sera sans aucun doute très utile », a indiqué M. Onanga-Anyanga. Il s’est réjoui des initiatives de nombreux d’entre eux visant à « promouvoir un dialogue politique inclusif en vue de créer les conditions idoines pour des élections transparentes, crédibles et paisibles de manière à renforcer la cohésion nationale, la paix et la sécurité au sein des Etats et dans la sous-région de l’Afrique centrale ». 

De manière générale, le Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’UA a fait part de son optimisme quant à l’avenir de la sous-région. A ce sujet, il a repris une observation faite par le Chef de l’UNOCA lors de son briefing au Conseil de sécurité le 5 juin dernier, et au cours duquel M. Abarry avait déclaré que l’Afrique centrale est « plus riche en opportunités et ressources qu’elle ne l’est en défis ».  

La cérémonie d’ouverture du 23e Sommet ordinaire de la CEEAC était aussi marquée par les allocutions du Président de la Commission de l’UA (M. Moussa Mahamat Faki), du Président de la Commission de la CEEAC (M. Gilberto da Piedade Verissimo) et du Président en exercice de la CEEAC par ailleurs Chef de l’Etat gabonais (M. Ali Bongo Ondimba). Ils ont tous exprimé leurs préoccupations par rapport aux tensions qui persistent dans certains pays et réitéré leur détermination à œuvrer pour la paix, la sécurité et le développement durable de la sous-région. Les problématiques relatives à l’intégration régionale et au financement de la CEEAC ont aussi été évoquées. Le Sommet était du reste placé sous le thème « relever le défi du financement de la communauté pour accélérer le processus d’intégration de la région Afrique centrale et soutenir la mise en œuvre de sa réforme institutionnelle ».