PROCESSUS ELECTORAUX : éviter à tout prix les épisodes de violence alimentés par les discours de haine
Le Représentant spécial et Chef de l’UNOCA, Abdou Abarry, a présenté, lundi 5 juin, devant le Conseil de sécurité, le 24e rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation en Afrique centrale et les activités du bureau dont il a la charge. Il a alerté sur des questions cruciales, insistant sur les dispositions à prendre pour garantir le calme et la sécurité lors des processus politiques et électoraux qui doivent se tenir d’ici à la fin de l’année dans certains pays relevant de son mandat. « Nous veillerons […] à ce que les épisodes de violence, alimentés notamment par les discours de haine, qui ont, dans le passé, marqué les élections soient évités à tout prix », a-t-il indiqué, soulignant que le soutien des membres du Conseil de sécurité est « précieux » pour atteindre cet objectif. « Il en va de la paix et de la stabilité » en Afrique centrale, a-t-il expliqué, réitérant son « ferme engagement à accompagner les Etats de la sous-région et la CEEAC dans leurs efforts pour bâtir cette Afrique centrale de prospérité que nous voulons ». M. Abarry a ajouté que « cela est possible, avec les potentialités dont regorgent les pays [membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC)] ».
Mettre fin aux atteintes à la vie des journalistes
Dans cette dynamique, le Chef de l’UNOCA a encouragé ceux qui « vont organiser des élections dans les mois à venir, à s’assurer que celles-ci soient inclusives et paisibles ». Intervenant par vidéoconférence, le Président de la Commission de la CEEAC, M. Gilberto Da Piedade Verissimo, a notamment précisé que des « échéances électorales à plusieurs niveaux sont attendues au courant de cette année 2023 en République Centrafricaine, au Gabon et en République Démocratique du Congo », sans oublier les « référendums constitutionnels […] en RCA et au Tchad ». Il a évoqué l’accompagnement que la Communauté fournit aux Etats membres dans ce cadre, tout en mettant également en exergue les défis auxquels ils font face. « Lesdits défis portent essentiellement sur des désaccords autour de la composition des organes en charge des élections, l’articulation de la législation électorale, la crédibilité des fichiers d’électeurs, l’authenticité des résultats des élections, etc », a affirmé M. Verissimo. Il a ajouté qu’à la faveur de son Traité révisé en vigueur depuis 2020, « la CEEAC dispose aujourd’hui, d’instruments adéquats susceptibles de faciliter son action dans les domaines politique, de la paix et de la sécurité ». Il a précisé que ces instruments ont été récemment activés à Sao Tomé-et-Principe, et au Tchad.
Concernant en particulier le Tchad, Abdou Abarry s’est félicité « de la bonne collaboration qui existe entre la CEEAC et l’UNOCA pour aider à créer un espace de dialogue plus inclusif et entre les acteurs politiques tchadiens ». Il a fait observer que « l’inclusion [de toutes les parties prenantes] et le respect des libertés sont des conditions essentielles pour la durabilité et le succès du processus de transition ». Dans ce contexte, et de manière générale, tout en saluant les initiatives et les actions de la CEEAC pour la paix et la sécurité dans la sous-région, il a plaidé pour un renforcement de ses capacités opérationnelles. « Le processus de réforme institutionnelle de la CEEAC nécessite […] un soutien financier durable », a-t-il souligné, appelant « les Etats de la sous-région à mettre en place les mécanismes pouvant permettre un financement durable et pérenne du fonctionnement et des activités de l’organisation afin de lui donner les moyens de jouer pleinement son rôle ».
Sur un tout autre plan, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale a regretté « la persistance des atteintes aux droits de l’homme, en particulier la liberté d’expression, dans certains pays de la sous-région ». Il a été ferme : « les atteintes à la vie et à l’intégrité physique des journalistes doivent cesser ». Il a saisi cette occasion pour réitérer sa détermination à continuer à sensibiliser les Etats de l’Afrique centrale sur l’importance de « la sécurité des journalistes et l'accès à l'information ».
Appel à la solidarité vis-à-vis des pays affectés par la crise soudanaise
Tous les autres dossiers majeurs relatifs à la gouvernance démocratique, à la promotion du genre ont été abordés ainsi que ceux liés aux questions transversales, à la gestion transfrontalière des activités des groupes armés et à l’impact régional de certains conflits. Sur ce dernier point, M. Abarry a cité le cas du Tchad et de la République centrafricaine (RCA), qui subissent le poids de la crise soudanaise. « Sans une résolution rapide et pacifique du conflit, les effets seront désastreux pour le Soudan, mais également, pour tous les pays de la région du bassin du lac Tchad », a-t-il affirmé, lançant un appel à la solidarité vis-à-vis des Etats affectés, et en particulier le Tchad, qui a urgemment besoin de 129, 8 millions dollars pour prendre en charge pendant six mois les 100 000 réfugiés soudanais se trouvant sur son sol. « Il nous faut donc agir vite pour aider ce pays », a-t-il conclu, précisant que la RCA en a accueilli 10 000.
Les membres du Conseil de sécurité ont félicité le Chef de l’UNOCA pour sa présentation et les actions qu’il mène pour prévenir les conflits, résoudre pacifiquement les crises et consolider la paix en Afrique centrale. Ils ont également salué l’intervention du Président de la Commission de la CEEAC ainsi que celle de Mme Marie Tamoifo Nkom, Coordonnatrice régionale du Réseau des jeunes leaders pour les forêts du bassin du Congo – dont la communication (vidéoconférence) était essentiellement axée sur le changement climatique. Cette session du Conseil de sécurité était dirigée par Mme Lana Zaki Nusseibeh, Représentante permanente des Emirats arabes unis auprès de l’ONU, dont le pays préside le Conseil pour le mois de juin 2023.