UNSAC : les experts soulignent la nécessité de mettre en œuvre la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme

Le Colonel Jibril Aliyu Shehu Gulani de la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram lors de son exposé

6 déc 2017

UNSAC : les experts soulignent la nécessité de mettre en œuvre la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme

Les travaux de la 45e réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) ouverts à Kigali (Rwanda) le 4 décembre ont été dominés mercredi 6 décembre par les discussions sur les questions liées à la lutte contre la violence armée et le terrorisme en Afrique centrale. L’occasion, pour le Professeur Wullson Mvomo Ela, de revenir sur les enjeux de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes légères et de petit calibre dont il a activement contribué à l’élaboration. Le Secrétariat général de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) a indiqué que les dispositions ont été prises afin que ladite stratégie (adoptée en 2015) soit endossée par les instances du Conseil de paix et sécurité (COPAX). Ses représentants à la réunion des experts ont également noté que des actions se poursuivent en vue de la tenue d’un Sommet conjoint avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) consacré à la définition d’une stratégie interrégionale pour faire face au terrorisme et à Boko Haram.  Le représentant de la CEDEAO a confirmé que des concertations sont en cours sur ce projet. 

Environ 7,1 millions de personnes affectées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition

En attendant, la situation sur le terrain continue à préoccuper les Etats membres de l’UNSAC et les observateurs du Comité, notamment en ce qui concerne Boko Haram. Le Colonel Jibril Aliyu Shehu Gulani, Conseiller militaire, représentant de la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram, a fait le point sur les efforts en cours pour mettre hors d’état de nuire le groupe terroriste, dont les activités ont des conséquences néfastes sur le Cameroun et le Tchad ainsi que sur leurs populations, qui vivent dans une situation psychologique préoccupante. Il a révelé que depuis 2016, plus de 20 570 personnes prises en otages par les éléments de Boko Haram ont été liberées. Des actions diverses, y compris de sensibilisation, ont par ailleurs amené plus de 1500 d’entre eux à déposer les armes. De plus, 32 camps ou refuges de ces terroristes ont été détruits et plusieurs équipements saisis. 

Le Colonel Jibril Aliyu Shehu Gulani a cependant attiré l’attention sur les défis humanitaires persistants dans la région du Bassin du lac Tchad où opère la Force. Environ 7,1 million de personnes sont affectées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition, a-t-il expliqué. Il a ajouté qu’on enregistre à peu près 1,4 million d’enfants déplacés du fait des activités de Boko Haram ainsi que plus de 30 000 autres séparés de leurs parents. Dans ce contexte, il a rappelé l’importance de la conférence tenue à Ndjamena du 2 au 4 novembre 2017 sur le développement d’une stratégie régionale de stabilisation des zones où sévit le groupe terroriste Boko Haram. L’une des conclusions de cette conférence porte en effet sur l’urgence d’une réponse humanitaire et la mise en place d’un mécanisme d’alerte précoce et de prévention des conflits.  

Dans cette perpective, le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a insisté sur la nécessité non seulement de prendre des mesures pour “sauver des vies”, mais aussi pour renforcer la protection et poser les bases de la reconstruction. Les experts du Cameroun et du Tchad ont partagé l’expérience de leur pays respectif dans ces domaines en mettant un accent sur la façon dont ils gèrent les mouvements de personnes aux frontières. Sur cette question relevant de l’immigration, les participants ont aussi suivi avec un grand intérêt l’expérience rwandaise en matière de libre circulation des personnes. 

Plusieurs autres sujets ont été abordés et débattus, y compris ceux relatifs à la piraterie et la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, la mise en oeuvre de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité en Afrique centrale, la réforme du COPAX, etc. 

A l’issue des discussions, les experts ont convenu que la 46e réunion de l’UNSAC aura lieu à Brazzaville (Congo) durant le premier trimestre 2018. Les chefs de délégation entérineront cette décision lors de la session ministérielle du 8 décembre.