Afrique centrale : les enjeux et les opportunités de la médiation dans l'espace CEEAC
Les experts des Etats membres du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) ont poursuivi leurs travaux mercredi 22 mai à Luanda, capitale de l’Angola, avec des discussions sur plusieurs sujets cruciaux. Les enjeux et les opportunités des initiatives de médiation au niveau régional, fil conducteur de la 57e session du Comité, a particulièrement retenu l’attention. Un exposé de Thierry Zang, Chef de Service Médiation et Diplomatie préventive au Département des Affaires politiques, paix et sécurité de la CEEAC, a permis de poser les bases des échanges sur cette question. Il a souligné la nécessité de développer et d’adopter un « Cadre politique régional sur la médiation et la diplomatie préventive dans l’espace CEEAC ». Il a ajouté qu’une « Architecture institutionnelle » devrait être associée à ce dispositif essentiel pour permettre à la CEEAC de remplir efficacement ses missions fondamentales.
La Commission de la CEEAC a sollicité l’assistance technique des Nations Unies, à travers l’UNOCA, afin de bénéficier d’une expertise internationale en vue de l’élaboration de ces instruments. Il s’agit de l’aider à se doter d’outils facilitant la « prise des mesures proactives pour empêcher les différends de dégénérer en conflits ouverts et pour limiter leur propagation lorsqu’ils réussissent à éclater ». De manière générale, les Etats membres ont insisté sur l’importance de ces outils de diplomatie préventive, lesquels sont régulièrement mobilisés par les Nations Unies, l'Union africaine ainsi que les organisations régionales et d'autres acteurs internationaux, pour la prévention et la résolution pacifique des conflits ainsi que pour la promotion de la paix et de la stabilité. L’Angola a proposé une Déclaration sur les initiatives dans ce domaine.
Lutte contre les discours de haine
Pour le reste, les experts ont fait le point sur l’état des préparatifs de la conférence humanitaire qui devrait avoir lieu incessamment à Malabo, en Guinee équatoriale. Ils ont également procédé à une mise à jour sur l’implémentation de la « Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage » (Convention de Kinshasa) ainsi que sur les problématiques liées à l’impact du changement climatique sur la paix et la sécurité, y compris les efforts en cours pour faire face à ce phénomène. Dans le même esprit, ils ont partagé des informations sur les progrès enregistrés dans le processus de développement et d’adoption de la stratégie régionale et du plan d’action pour la prévention et la réponse aux discours de haine et d’incitation à la violence en Afrique centrale. Sur ce sujet, les Etats membres ont salué les évolutions positives depuis la dernière réunion du Comité (novembre 2023), en prenant acte du chemin qui reste à parcourir, à savoir l’introduction de ce document stratégique dans le circuit décisionnel de la CEEAC en vue de son endossement politique par les instances compétentes. Le Cameroun, qui assure le suivi de ce dossier, a suggéré l’adoption d’une Déclaration encourageant le déploiement rapide du mécanisme y relatif. Certains pays ont saisi cette occasion pour rappeler la place primordiale de la lutte contre les discours de haine dans leurs priorités.
Avant la fin de la session, les organisations suivantes ayant le statut d’observateur ou d’invité ont fait des présentations sur leurs activités respectives : la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centre (CEMAC), la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), la Commission du golfe de Guinée (CGG), le Centre interrégional de coordination (CIC) sur les questions de sécurité et de sûreté maritime, le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), le Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (UNOAU), le Bureau de l’Envoyé spécial pour les grands lacs, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La Coalition Jeunesse, Paix et Sécurité en Afrique centrale (CJPAC), une entité de la société civile, avait précédemment fait une intervention sur son expérience dans les domaines relevant de ses missions.
La réunion des experts, qui a commencé le 21 mai après celle des points focaux (20 mai) des pays membres, s’achève jeudi 23 mai. Elle est dirigée par l’Angola, qui a succédé au Rwanda à la présidence tournante du Comité. Pendant son mandat de six mois, il sera accompagné de la République centrafricaine (première Vice-présidence), du Tchad (deuxième Vice-présidence) et de la Guinee équatoriale (Rapporteur).
Les travaux de la 57e réunion de l’UNSAC prennent fin vendredi 24 mai 2024 avec la session ministérielle.