Afrique centrale/ONU : les enjeux de la 53e réunion du Comité consultatif sur les questions de sécurité 

Les travaux ont demarré ce lundi au Ministère des Relations extérieures avec la réunion des Points focaux des Etats membres, en présence des représentants de la CEEAC et de l'UNOCA. Photo UNOCA/Norbert N. Ouendji

30 mai 2022

Afrique centrale/ONU : les enjeux de la 53e réunion du Comité consultatif sur les questions de sécurité 

La 53e réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) se poursuivra le 31 mai au Palais des Congrès de Yaoundé (Cameroun). Jusqu'au 2 juin, les experts évalueront alors la mise en œuvre des recommandations de la précédente session tenue à Libreville (Gabon) en novembre 2021, et échangeront des informations et des analyses sur la situation géopolitique et sécuritaire de la sous-région. Les discussions sur ce dernier point seront soutenues, comme d’habitude, par une revue de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Elle porte généralement sur les récents développements politiques et institutionnels ainsi que sur les enjeux liés à la gouvernance, aux processus électoraux, à la situation humanitaire, aux droits de l’homme et à la sécurité intérieure et transfrontalière. Quelques éléments nouveaux ont été inscrits à l’ordre du jour. Il s’agit, par exemple, du débat sur l’impact des discours de haine sur la paix et la sécurité. L’universitaire camerounais Charly Gabriel Mbock a été spécialement invité pour faire une présentation sur ce sujet qui constitue l’une des principales préoccupations actuelles des pays membres de l’UNSAC. L’UNOCA et la CEEAC complèteront son propos en indiquant les actions qu’ils mènent pour aider les Etats de la sous-région à y faire face. 

Rendre l’ordre du jour des travaux de l’UNSAC davantage dynamique 

Les experts (31 mai 2022) puis les chefs de délégations (3 juin 2022) saisiront aussi cette occasion pour poursuivre les réflexions sur la vie et l’avenir du Comité. Ces réflexions ont commencé dans le cadre d’un colloque international organisé du 23 au 24 mai à l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) sur le thème : « Paix et sécurité en Afrique Centrale : regard rétrospectif et prospectif sur 30 ans de l’UNSAC au service de la diplomatie préventive ». Cette rencontre scientifique marquait en effet le lancement des activités du trentième anniversaire de l’UNSAC, qui coïncide avec la 53e session ministérielle du Comité. Le rapport final et les recommandations seront soumis aux Etats membres lors de ladite session. La nécessité de rendre l’ordre du jour des travaux de l’UNSAC davantage dynamique et adapté aux défis de l’heure figure notamment parmi les recommandations. 

Impliquer les citoyens dans la gestion des crises 

Dans cette perspective, la délégation camerounaise a proposé que le Comité envisage « la prise en compte des questions économiques et de développement durable dans son agenda dans la mesure où de nombreux trafics qui alimentent la violence et les conflits dans la sous-région (ressources naturelles, drogue, armes, etc.) relèvent aussi de cette dimension ». Tout en précisant que les réformes suggérées sont largement partagées par les autres Ambassadeurs des Etats membres du Comité, elle a aussi plaidé pour le  « renforcement des activités de sensibilisation pour limiter […] les effets des crises internes de petite ampleur avant qu’elles ne dégénèrent, ainsi que promouvoir le dialogue et l’implication des citoyens dans la gestion des crises ». 

Renforcer le financement des activités du Comité

Pour parvenir à ces fins, les uns et les autres sont unanimes sur l’urgence d’une grande attention sur la problématique du financement du Comité. Les participants au colloque de Yaoundé prônent une augmentation du budget alloué à ses activités par le Secrétariat général de l’ONU ainsi que le paiement effectif et à temps, par les Etats membres, de leurs contributions au Fonds d’affectation spéciale. Ils ont également évoqué l’importance de la « recherche de nouvelles sources de financement », responsabilité qui, de leur point de vue, devrait être confiée au Secrétariat du Comité (UNOCA). « Le Cameroun, qui devra conduire aux destinés du Comité pour les six prochains mois, s’engagera à l’opérationnalisation effective de ces recommandations », a affirmé le Secrétaire général du Ministère des Relations extérieures lors de la clôture du colloque. Les années à venir « vont être cruciales pour le Comité en raison des incertitudes et de l’impératif de revitalisation de ces activités, de la nécessité d’opérer une réforme structurelle pour sa pertinence », a ajouté M. Oumarou Chimoun, soulignant qu’une feuille de route appropriée sera développée pour faciliter le suivi de toutes les recommandations et mieux répondre aux défis identifiés. 

Les manifestations socio-culturelles et sportives constitueront la dernière articulation de la commémoration des 30 ans du Comité. Le 4 juin, le stade militaire de Yaoundé accueillera les activités y relatives, notamment un mini tournoi de football, une foire gastronomique, une exposition, entre autres. 

NOTE AUX EDITEURS

■ Mise en place le 28 mai 1992 conformément à une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, UNSAC comprend les onze Etats d’Afrique centrale : Angola, Burundi, Cameroun, République Centrafricaine, Congo, République démocratique du Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Tchad. Outre ces Etats membres généralement représentés par les Ministres des Affaires étrangères, plusieurs organisations régionales et internationales prennent également part aux travaux de l'UNSAC : Centre des Nations pour la Paix et le Désarmement en Afrique (UNREC), Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique centrale (CNUDHD-AC), Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation de la République Centrafricaine (MINUSCA), Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la République démocratique du Congo (MONUSCO), Bureau de l’ONU auprès de l’Union africaine (UNOAU), Bureau de l’Envoyé spécial du SG/ONU pour les Grands lacs, Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), ONU-Femmes, Union africaine, Commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), Force multinationale mixte, Centre interrégional de coordination (pour la mise en œuvre d'une stratégie régionale de sécurité et sûreté maritime en Afrique centrale et de l'Ouest), Organisation internationale de la Francophonie (OIF), entre autres. La plupart ont le statut d’observateur auprès du Comité. 

Le Secrétariat de l’UNSAC est assuré par le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA).