Diplomatie préventive : les 30 ans de l’UNSAC au cœur d’un colloque scientifique

Les participants ont suivi avec attention l'intervention du Chef de l'UNOCA, qui a rappelé que "le destin a fait en sorte que ce trentième anniversaire soit commémoré à Yaoundé, là où l’UNSAC a été porté sur les fonts baptismaux". Photo UNOCA/Norbert N. Ouendji

23 mai 2022

Diplomatie préventive : les 30 ans de l’UNSAC au cœur d’un colloque scientifique

Un colloque scientifique a été ouvert lundi 23 mai à l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), à Yaoundé, sur le thème « Paix et sécurité en Afrique centrale : regard rétrospectif et prospectif sur 30 ans de l’UNSAC au service de la diplomatie préventive ». La cérémonie protocolaire a été présidée par le Ministre des Relations extérieures du Cameroun, M. Lejeune Mbella Mbella. Plusieurs personnalités et invités d'horizons divers y ont pris part, dont des membres du gouvernement, des universitaires, des étudiants, des représentants de la société civile, des experts ainsi que le corps diplomatique et des hauts fonctionnaires de l’ONU, parmi lesquels le Coordonnateur résident du Système des Nations Unies au Cameroun, M. Matthias Naab, et le Chef de l’UNOCA, M. François Louncény Fall. 

Dans son allocution, M. Fall a tenu à féliciter les organisateurs de cette rencontre, soulignant son importance dans la nécessaire réflexion sur le chemin parcouru par le Comité consultatif permanent des Nations Unies charge des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) au cours des trois dernières décennies ainsi que sur les voies et moyens à mobiliser pour « consolider les acquis et mieux faire au cours des prochaines années ». Il a fait observer que si des « progrès significatifs » ont été observés dans le domaine de la prévention des crises et de la consolidation de la paix, des défis non négligeables continuent à interpeller les Etats et les populations de cette sous-région.

Plusieurs avancées ont été mises en relief. En ce qui concerne la « promotion des mesures de confiance, les consultations régulières entre les pays membres de l’UNSAC sont devenues un pilier essentiel de l’architecture de paix et de sécurité de l’Afrique centrale », a indiqué le Chef de l’UNOCA. Dans la même dynamique, il a précisé que « les rencontres ministérielles, qui se tiennent deux fois l’an, renforcent le projet d’intégration régionale, et sont devenues la référence en matière de dialogue comme outil diplomatique au service de la paix ». 

Adéquation entre les ambitions et les ressources de l’UNSAC 

Parmi les défis, il a insisté sur la gouvernance électorale, plaidant pour que les processus électoraux cessent de « représenter un puissant vecteur de division et de violence ». Dans cette perspective, M. Fall a invité les uns et les autres à une réflexion fondamentale : « Comment organiser des élections démocratiques, tout en préservant la cohésion sociale et la paix nationale, avant, pendant et après les scrutins ? ». Il a formulé le vœu que cette question demeure à l’ordre du jour du Comité. Il en est de même de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, la sécurité climatique, la participation des femmes à la vie politique, le chômage des jeunes et son impact sur la sécurité ainsi que la lutte contre les discours de haine. Il a réitéré l’engagement de l’ONU en général, et de l’UNOCA en particulier, à soutenir les efforts des Etats membres dans la recherche des solutions durables à ces défis.

Dans le chapitre des recommandations, M. Fall a évoqué la nécessité d’un « meilleur arrimage du mandat de l’UNSAC aux missions de la nouvelle Commission de la CEEAC et de ses mécanismes de diplomatie préventive ». Il a aussi insisté sur l’urgence d’une « adéquation entre, d’une part les ambitions, et d’autre part les ressources de l’UNSAC » car, il « ne peut continuer de jouer efficacement son rôle que s’il a les moyens de sa diplomatie ». Dans son discours d’ouverture officielle du colloque, le Ministre des Relations extérieures, M. Eugene Mbella Mbella a du reste rappelé ce rôle crucial ainsi que les réalisations significatives de l’UNSAC en matière de diplomatie préventive et de sécurité collective. Au-delà d’un « véritable diagnostic » du Comité, il a lancé un appel afin que ce rendez-vous scientifique permette de « relancer le processus de sa revitalisation » de l’UNSAC.

Outre le Représentant spécial et le Ministre des Relations extérieures du Cameroun, le Directeur de l’IRIC, le Professeur Urbain Daniel Ndongo, a également pris la parole lors de cette cérémonie. Un mot de bienvenue qui lui a permis de revenir non seulement sur les missions de l’institution dont il a la charge, mais aussi et surtout sur les enjeux du colloque de Yaoundé. Les travaux proprement dits ont été marqués par plusieurs communications sur diverses thématiques relatives aux fondements de la création de l’UNSAC, aux menaces sécuritaires de toutes sortes qui interpellent les Etats membres, y compris le terrorisme, la prolifération des armes légères et de petit calibre en Afrique centrale, la piraterie maritime dans le golfe de Guinee, le changement climatique, entre autres.  

Le colloque se poursuit et s’achève mardi 24 mai avec des discussions sur le rôle que peuvent jouer les nouveaux acteurs des relations internationales dans la mise en œuvre du mandat de l’UNSAC. La problématique des discours de haine dans les médias et les réseaux sociaux sera aussi au centre des débats. 

Ce colloque est organisé en marge de la 53e réunion ministérielle de l'UNSAC qui aura lieu du 30 mai au 3 juin dans la capitale camerounaise. Des activités socio-culturelles et sportives sont également prévues le 4 juin dans le cadre de la commémoration du 30e anniversaire dudit Comité.